Les temps sont durs, certes, mais arrêtons quelques instants de parler de la pandémie qui finit par nous ronger le cerveau et nous empêcher d’avoir des discussions « normales ».
N°2 a pété les plombs ce week-end. Vous me direz, ça ne change guère.
Certes, mais cette fois-ci je l’ai prise au sérieux.
Elle m’a dit : « vous vous rendez pas compte vous les vieux (sic – je ne me sentais pas si vieille jusque-là - #soireegacheemoralpourri) notre vie depuis 1 an, 1 an bordel (oui je sais n°2 peut être vulgaire – n°1 aussi d’ailleurs). On doit se plier aux changements à l’école, une fois en visio, une fois en vrai, on sait jamais, se lever tous les matins super tôt pour aller ou pas en cours, alors qu’on sait même pas si on va passer ce foutu bac. On n’a pas de vie sociale, on porte des masques tout le temps. On entend que des mauvaises nouvelles. On n’a pas le moral. Et nous les jeunes on nous demande de faire tout le temps attention alors qu’on a envie de vivre, tu m’entends, vivre ! Toi quand t’avais mon âge, tu sortais, tu allais à des soirées, tu faisais ce que tu voulais. Nous on essaie de continuer mais il faut nous laisser un peu vivre. On n’en peut plus de cette m….de Covid ! »
Elle m’a fait de la peine n°2, ma rebelle officielle, ma spécialiste des bêtises en tout genre, ma petite colérique. C’est vrai que depuis quelques temps, sa vie est monacale (enfin, selon ses critères). Elle va à l’école, déjeune parfois avec des copines (dehors sous la pluie) et rentre à 18h, parfois même avant !
Plus de sorties, plus de soirées, plus de nuits chez les copines.
Les vacances ? Un vieux souvenir.
Les amies ? Une béquille indispensable.
Les sorties ciné ? Merci Netflix.
Accrochée à son téléphone la plupart du temps, elle écoute de la musique le soir pour s’endormir et tente vaille que vaille de préserver une vie sociale fragile à coups de Whatsapp et autres réseaux non identifiés.
J’ai eu le cœur serré. Même si comparée à d’autres jeunes, elle n’est pas à plaindre soulignons-le. Mais pour n°2, c’est difficile autrement. Elle a besoin de ses copines, de ses copains, d’une soirée de temps en temps pour décompresser. De ne plus avoir pour seuls partenaires de dîners ou de soirée uniquement sa famille. De sortir du ghetto.
Certains le supportent mieux, comme n°1 qui finalement s’adapte.
Ou n°3 qui est trop petit pour se sentir frustré.
Ou nous les « vieux » qui de toutes façons finiront bien vite en EHPAD ou au cimetière (à en croire n°2 en tous cas on est bien partis).
Alors, dépassant ma colère contre n°2 qui m’avait, au passage, pas mal énervée avec ses reproches injustes, je l’ai prise dans mes bras, je l’ai serrée très fort (elle se débattait – mais je suis la plus forte en dépit de mon âge TRES avancé …) et je lui ai dit que je comprenais et que j’étais désolée.
Je ne sais pas si ça l’a aidée mais en tous cas, elle a arrêté de hurler, a essuyé ses yeux maculés de mascara, et a demandé d’une petite voix ce qu’il y avait à dîner.
On n’est pas sortis d’affaire c’est sûr.
Mais on a tous besoin d’indulgence c’est sûr aussi.
Pendant ce temps-là, Perdado s’éclate en cuisine. Chacun ses plaisirs.
Faut que je pense à aller renforcer mon stock de vin moi….
Kisses To thé girls