Une journée (pas) particulière

Ce matin, comme tous les matins, je me lève tôt, pleine d’espoir.

Encore une longue journée avec un programme très chargé. Et enfin du temps pour me remettre au boulot, au vrai boulot, car je finis une thèse (un sujet très très sérieux sur lequel je vais pas m’étaler ici) et qui hélas n’avance plus beaucoup ces derniers temps.

Il est 7h35.

Un petit café et un coup d’œil à mes mails et aux actualités de la nuit.

Je regarde l’heure, mince il est 9h. Déjà ?

Je m’accorde 30 mn pour faire ma gym, rituel indispensable de ma journée. Yoga, barre au sol, n’importe quoi pourvu que ça bouge.

Ok je maîtrise il est bien 9h30, les minutes filent donc normalement.

Je vais reprendre un café. En entrant dans la cuisine, je constate que les poubelles débordent. Évidemment, l’ado dont c’était le job hier soir n’a pas fait le job.

Je vide la poubelle, je remets un sac, et au passage, je désinfecte la poubelle à l’eau de javel.

Tiens plus d’eau de javel. Faut que je l’ajoute à ma liste Houra.

Je le note sur mon post it déjà fort rempli.

En passant, je vois des miettes sur le sol. Je dégaine le Spir 2000. Dont le réservoir est plein. Je le vide.

Je le nettoie.

Je repasse un coup sur les plinthes.

Mince il est 10h15.

Le temps s’est accéléré ???

Je reprends le chemin vers mon ordinateur.

Mais avant de me mettre au boulot, je dois ajouter la javel car mon créneau pour modifier ma commande Houra expire dans 1h.

Je l’ajoute.

Je vérifie une dernière fois que tout est bon.

J’ajoute un plumeau.

Et puis un peu de vinaigre. Il ne m’en reste plus que 4 litres.

Ca ne suffira pas.

Je vérifie si par hasard, la levure de boulanger a été réapprovisionnée.

Non.

Il est 11h.

Le n°3 débarque pour faire ses devoirs.

Je me relève pour lui proposer un petit déj. Il me dit « je veux rien, j’ai pas faim ».

Mais il n’arrive pas à se connecter au blog de la maîtresse pour faire ses devoirs.

Je l’aide.

Il me demande de lui imprimer ses exercices. Et de l’aider.

Il est 11h45

Mince, suis pas douchée.

Un livreur sonne à l’interphone.

Il demande à ce que je descende récupérer mon colis. Zut où est mon masque ? Et les gants en plastiques ?

Je remonte, il est 12h. Je vais enfin me doucher et m’habiller.

Le plus rapidement possible.

Il est 12h45 Quand même.

Bon il est temps de penser au déjeuner.

Je travaillerai cet après-midi quand le n°3 sera en cours virtuel avec sa classe.

Je me rends compte que j’ai oublié de réveiller les ados.

J’y vais.

Ça grogne. Ça crie. Ça ne se lève pas.

Je mets une machine en route et le sèche- linge, le bruit les sortira peut-être de leur lit ?

Il est 13h15 et toujours pas de déjeuner .

L’ado n°1 débarque en hurlant : elle a cours à 14h. Je lui tends une boite de Bolino (oui je sais ça n’existe plus, mais j’ai un équivalent)

L’ado n°2, sans un mot, se concocte une mixture répugnante à base de lait d’amandes, de yaourt au soja et de choses non identifiables.

Plus que 3 bouches à nourrir.

Je fais des pâtes.

Le n°3 râle en disant que ça fait 3 jours qu’il mange des pâtes.

Vider, remplir le lave-vaisselle, ranger. Ca y est, il est 14h30 je vais pouvoir m’y mettre.

Mais plus de wifi.

Tout le monde hurle dans la maison.

Comme je suis aussi préposée au wifi, je débranche je rebranche. Ca ne fonctionne pas.

J’appelle le service clients.

J’attends. C’est long.

Je fais des partages de connexion à tous ceux qui n’ont pas de 4G.

Je n’ai plus de batteries.

Où est mon chargeur ?

Le cours du n°3 s’est interrompu à cause de la panne du wifi….

Re partage de connexion.

Ca ne marche pas.

Ha, le wifi est revenu, magie de la technologie.

Mais le cours du n°3 est fini.

Il veut que je joue avec lui.

Je joue avec lui.

L’ado n°1 a besoin que je lui imprime des documents.

Et la n°2 que je lui change son forfait de téléphone.

Tout est urgent.

Les parents de la classe de mes enfants m’envoient des messages désespérés.

Ils viennent de comprendre que l’école n’ouvrira pas.

Et ils sont énervés parce qu’il n’y a pas assez de devoirs ni de cours en zoom.

Il est 17h30

Je m’y remets.

Mais Perdado a perdu une basket par la fenêtre.

Avec n°3 on scrute le sol. Rien.

On descend chercher. Il pleut à torrent. Rien.

Je commande une nouvelle paire sur décathlon.

Il est 18h15

Les groupes whatsapp se déchainent sur mon téléphone. Je dois aller livrer un masque en tissu en urgence à une vieille dame à l’autre bout du quartier qui n’ose plus sortir.

J’y vais.

Ma copine Céline m’appelle. Elle a envie de papoter en préparant le dîner .

Mince le dîner.

Je missionne Perdado qui râle.

C’est vrai je n’ai pas fait grand-chose aujourd’hui.

Rongée par la culpabilité, je vais l’aider. Avec un petit verre de rhum arrangé (ma nouvelle passion, je sais il faut que je m’arrête…)

Il est 20h, il faut applaudir.

Et demander à n°3 de lâcher sa tablette

Et appeler les filles pour qu’elles mettent la table.

Et qu’elles vident la machine.

Il est 20h45, je suis épuisée.

Encore une journée sans travailler (!). Promis, demain je m’y mets.