La cohabitation avec n°1 commence à peser sérieusement. Ses humeurs sont comme des montagnes russes. Au lever, bien sûr impossible de discuter avec elle, elle débarque dans la cuisine en mode « robot » pour se préparer un petit dej solide qui lui permettra d’affronter une nouvelle journée. Ensuite, elle s’enferme dans sa chambre pour travailler. Car oui, n°1 travaille. Vous ai-je dit qu’elle était en prépa ? Donc à sa décharge, elle travaille, beaucoup, tout le temps à vrai dire.
Mais si par malheur l’un d’entre nous s’avise de faire du bruit (un peu) à proximité de son antre, les hurlements et insultes pleuvent. Que ce soit la machine à laver (malencontreusement installée non loin de sa porte), une vague demande concernant un objet perdu (emprunté ?) ou une précision sur son emploi du temps ministériel, la réponse varie peu : au mieux un grognement, au pire un hurlement. Et que dire des multiples traces de son passage dans la cuisine entre 2 cours ? Emballages non jetés, assiettes sales dans l’évier, miettes inidentifiables et parfois collantes un peu partout… S’y ajoutent des exigences en termes de repas (horaires et contenus) et un incivisime récurrent à l’égard de ses frères et sœurs (mais aussi de Perdado et moi, je vous rassure). N°2 qui est certes moins studieuse, a quand même des cours en visio qu’elle doit suivre en silence, car le bruit dérange sa Majesté n°1 (hélas, elles partagent un mur commun, dommage que nous n’habitions pas un château…)
Bref, même si je compatis (pas marrant de bosser autant sans soupape de sorties), je sature de devoir retenir ma respiration à chaque fois que je passe devant sa chambre. Et l’atmosphère est chargé de tensions en permanence.
Lassée, je décide qu’il est temps pour n°1 de s’éloigner de sa famille bien aimée. Et moi qui consulte souvent, quand je procrastine (souvent) le site d’AirBNB soit pour fantasmer sur des vacances hypothétiques soit sur un appartement pour moi seule quand (et c’est fréquent) j’ai envie de m’accorder une pause, bref, je me mets à regarder ce qu’il y a de libre dans le quartier à un prix raisonnable. Je tombe sur un petit studio pas trop loin pas trop cher et pas trop moche. Ni une ni deux, je contacter le propriétaire. Qui me répond immédiatement. J’en informe n°1 qui ouvre de grands yeux ravis. Je suppose qu’elle s’imagine un palais pour sa retraite de travail. Dans sa tête doivent défiler des images idéalisées : bains à remous, lit king size, sauna, hammam, que sais-je. C’est une supposition bien sûr. Partie sur ma lancée, je m’empresse de donner rendez-vous à mon sauveur pour visiter ce palais.
En guise de palais, je tombe sur un mini studio en rez-de-chaussée en fond de cours. Le proprio me vante les mérites de son aménagement astucieux : dressing dans la salle de douche ( ?), cuisine (bon, plutôt kitchenette) aménagée, et canapé qui se transforme en lit pour gagner de la place. Bon, à ce prix-là je ne vais pas faire ma difficile. Même si pas un rayon de soleil n’atteindra jamais la fenêtre de cette chambrette. Pas un bruit non plus d’ailleurs, hormis celui des voisins.
Essayant d’afficher un enthousiasme convainquant, je reviens vers n°1. Tentant une entrée en force dans son terrier, je lui annonce fièrement : je t’ai trouvé un studio pas loin il est libre demain.
Réaction à chaud de n°1 : mais ça va pas ? Qui va me faire à manger et les courses ?
Je tente : « toi ? ».
Elle répond : « ah non j’ai pas le temps, je dois travailler moi » (no comment)
Comme je suis contre la violence (enfin, la plupart du temps), c’est donc retour à la case départ, même si, profitant d’une de ses rares sorties, j’ai en douce préparé une petite valise pour elle. Et gardé précieusement les coordonnées du propriétaire du studio. Au cas où, je pourrais peut-être changer la serrure et lui poser sa valise sur le paillasson.
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