
Dans la classe de n°3, il y a un garçon qui ne s’est jamais vraiment fait d’amis.
Depuis la 6ème, il se sent exclu. Il est exclu.
Du coup il en rajoute. Il provoque. Il cherche les ennuis. Et les autres le rejettent encore plus.
Ce garçon ne comprend pas pourquoi on ne l’aime pas.
Il ne comprend pas la dure loi de la cour de récré, avec les « populaires » et les autres qui forment un groupe hétérogène, de celui qui se fond dans la masse à celui qui s’en fiche en passant par tous les autres, qui ne disent rien, qui « tracent ».
La majorité reste silencieuse. Elle ne veut pas se mêler. Au pire, elle se dit : « il l’a bien cherché – pourquoi il ne s’arrête pas ? ». Au mieux, elle s’en fiche. Et personne ne s’en mêle. Personne ne se dit : « mais comment on pourrait bien faire pour l’aider ? ». Parce que personne ne voudrait être à sa place. Dans ce silence, il y a une forme de soulagement. Tant que je ne dis rien, il ne m’arrivera rien. Une forme de lâcheté aussi. « ouf, moi ça va. Lui il l’a cherché ».
Parmi les adultes, ce n’est guère mieux. Quand un incident éclate, inévitable, certains diront « ah oui on avait remarqué qu’il était exclu, toujours seul, de son côté ». Ah oui mais alors pourquoi n’avoir rien dit ?
Le problème de ce garçon (plus si petit d’ailleurs – il a 13 ans), c’est qu’il agace aussi les adultes.
Maladroit, immature, complexé, rejeté, tant de facteurs qui se bousculent en lui et qui brouillent son jugement, les mots lui échappent.
Alors, parce qu’il a échappé (provisoirement) à la punition suprême, l’exclusion définitive, il « crâne » et nargue ceux qui lui ont fait du mal. Pas de chance, ceux-là sont des bons élèves, sans grandes histoires voyantes en tous cas. Des bavardages, quelques incidents, rien de grave, rien de définitif. Et puis ils sont de bonne famille. Leurs parents les soutiennent, ils parlent bien, ils raisonnent. Certains d’ailleurs sont durs avec leur enfant, d’autres sont dans le déni.
Le problème, chers lecteurs, c’est qu’une fois que votre enfant passe la porte de l’école (encore plus du collège), il vous échappe. Il n’est plus le même que celui que vous avez à la maison. Vous seriez étonnés, voire carrément effondrés, d’entendre ce qu’il peut dire à ses camarades. Peut-être vous aussi vous vous diriez « mais ce n’est pas possible, ce n’est pas mon enfant ».
Alors, je ne sais pas ce que ce petit garçon va devenir, mais je suis très inquiète de la violence des relations entre les enfants et de la banalisation extrême chez eux de la violence verbale.
Restons vigilants et surtout à l’écoute.
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