Je vous ai déjà entretenus un peu plus tôt des dangers que présente la crise d’adolescence pour le couple.
Le couple est pour moi un sujet de fascination permanent.
Mais en réalité, le couple, est, à lui seul, sans même avoir besoin des enfants, une construction équilibriste, une hérésie même selon moi.
Souvent, alors même qu’en apparence tout semble « normal » enfin assez lisse, on découvre en grattant un peu, des sources de conflits édifiants et un ras le bol accumulé.
J’ai été bouleversée en découvrant, il y a quelques années, qu’un couple qui pour moi était un modèle indépassable, maintenait en réalité une façade depuis des années. Le mari a fini par partir, poussé à bout par sa femme qui par vengeance, a interdit à sa fille de parler à son père. Bilan : une famille parfaite devenue une famille déchirée.
Une autre de mes connaissances postait sans arrêt des photos de son bonheur familial sur les réseaux sociaux. J’étais un peu jalouse, moi qui me débattais avec des enfants rebelles sans espoir de sortir d’une crise d’adolescence violente. Ces photos me renvoyaient sans cesse à mon échec personnel. Et puis j’ai appris que le mari était violent, alcoolique, volage. Il a fini par abandonner sa famille parfaite pour une jeunette et ne voit plus ses enfants qu’une fois par mois.
On connaît déjà assez peu son propre couple finalement. Qui n’a pas eu de surprises sur son compagnon ou sa compagne (bonne ou mauvaise d’ailleurs) : comment alors comprendre celui des autres ?
Parfois ce n’est rien, une petit phrase qui vous indique que la vie de couple de votre copine n’est pas celle que vous imaginiez. Au détour d’un dîner ou d’un apéro, les langues se délient et vous découvrez que le couple que vous imaginiez sans aspérités en fait des failles. Parfois ce sont de petites failles (il est atrocement radin ou a des tocs bizarres) parfois c’est plus grave et il s’avère que l’un des membres du couple (souvent le mari, désolée, c’est un fait) est en fait un coureur, un menteur, un joueur invétéré ou pire.
Le plus étonnant est souvent l’abnégation dont fait preuve la personne qui vous livre son histoire. A l’entendre, vous vous dites : mais pourquoi ne pas partir ?
Partir est souvent compliqué ; le confort d’une vie de famille, des habitudes, la peur du vide, une dépendance matérielle sont souvent des gardes fous efficaces pendant un certain temps.
Et puis, parfois, le couple explose, on ne sait pas toujours pourquoi, et une souffrance accumulée pendant parfois de nombreuses années est révélée au grand public, mettant fin à une prétendue harmonie familiale plus exposée que vécue.
A vrai dire, je pense que le couple est une construction étrange.
Comment en effet pouvoir imaginer passer toute une vie ou du moins un certain nombre d’années avec une personne que finalement on connaît peu au départ? Comment faire ne sorte d’évoluer dans la même direction, traversant ensemble les épreuves de la vie : enfants, maladies, coups durs etc. Comment envisager de passer toutes ses nuits dans le même lit que quelqu’un d’autre ? De supporter de partager sa salle de bains, ses petites manies, ses obsessions, le quotidien qui tue souvent l’amour à petit feu ?
Tout cela est très banal, vous me direz. Et je n’ai pas la recette de la réussite du couple. Hélas.
Je pense cependant qu’on devrait avoir droit à des « pauses » régulières, des moments de repli ou l’on pourrait s’accorder du temps seul, ou avec des amis, exister en dehors du couple , par soi-même. Une pause qui permettrait aussi de se rendre compte de ce dont on a vraiment envie.
Avec le confinement, certains couples ont explosé. Mais j’ai entendu aussi des histoires de couples recomposés, à la faveur de cette expérience étrange qui leur a permis de reconsidérer leurs priorités.
J’adorerais que certain(e)s d’entre vous me racontent leurs expériences.
